Et l'ORTS fut.
Vous me direz, avant, les Directeurs de radios et télévisions publiques étaient nommés par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel dont on doutait parfois de l'indépendance vis-à-vis du pouvoir en place.
Pourtant, cet étage du CSA permettait de faire tampon entre ces postes stratégiques de direction des médias publics et le président ou le gouvernement en place.
Et bien à partir de maintenant, ce sera très clair.
Les Directeurs de France Télévision et Radio France seront directement nommés par le gouvernement.
On revient à la télé de grand-papa. Pour mémoire, le CSA avait été créé en 1981 par François Mitterrand pour renforcer l'indépendance des médias publics.
Le vote de la réforme de l'audiovisuel public vient de se faire hier soir par 298 voix "pour" et 243 voix "contre".
C'est dire si un nombre important de députés de la majorité y était opposé. (Quand on voit le report en janvier du vote sur le travail dominical, on se dit que la fronde des députés de droite ne fait que commencer. Pas de quoi s'en réjouir. On va juste vers un blocage entre les appareils exécutif et législatif.)
Cerise sur le gâteau pour les chaines privées qui récupèrent déjà les annonces publicitaires du service public, la réforme autorise une seconde coupure de publicité dans les films. Et vive le cinéma sur TF1, Canal+ et M6 !!! Ca nous permettra d'aller deux fois aux toilettes ou de pouvoir prendre une deuxième binouse au frigo.
C'est vrai que cela ne choque pas la Ministre de la Culture qu'un film soit coupé, fusse-t-il de Fellini comme elle l'a dit à l'Assemblée Nationale. (En fait, elle a dit l'inverse : "ca ne me gêne pas que TF1 passe du Fellini à 20h30, fusse-t-il au prix d'une deuxième page de pub.". Je trouve ça d'un grotesque.)
Evidemment, je ne vais pas me plaindre qu'il n'y ait plus de publicité après 20h00 sur les chaines publiques.
Sans doute irai-je encore moins mater les films présentés sur les chaines privées.
Mais on verra bien dans un an si l'Etat aura tenu ses engagements de compensation du manque à gagner en entrées financières. Car le budget de France Télévision est déjà déficitaire de 135 millions d'euros en cette fin d'année du fait de la migration des contrats publicitaires vers les chaines privées.